Un
alliance de termes a priori contradictoires voire blasphématoires. Pour
nous autres occidentaux l'érotisme est naturellement banni du dessin animé,
dans nos représentations, est associé a l'enfance. ...cette spécialisation
exclusive sur le marche infantile a pénètre les consciences jusqu' a un
tel point que, alors même qu'on vise un public " adulte ", l'érotisme est
perçu dans ce media comme provocateur et blasphématoire... Dans les films
de R. Laloux, il est une composante naturelle, qui déborde les manifestations
explicites qui y figurent. Discrètes les scènes s'insèrent naturellement
aux univers oniriques qui renvoient a nos pulsions les plus profondes.
Dans
la planète sauvage (l'époque est propice a ce genre de libération), la sexualité
des draags s'avère être le fondement de leur mystérieux rite de méditation qui
les occupent le plus claire de leur temps...la valse des géants nus, aux têtes
remplacées par des couples Draags, est une merveilleuse métaphore qui va bien
au delà de l'évocation d'un simple rapport sexuel...tout en se gardant bien d'une
pudeur déplacée.
Il en va de même pour les Oms sauvages qui, sous la tutelle de leur sorcier-pretre,
se rassemblent pour former des couples qui vont s'ébattre dans la foret, au cours
d'un rituel dionysiaque d'une douce poésie. Ces manifestations, surrajoutées a
l'œuvre de wul, sont très tenues dans les maîtres du temps (belle et jafar se
poursuivant au cours de leur baignade), et les allusions a la cocufication du
prince maton son presque absents.
Gandahar
marque un renouveau du traitement érotique, peut être même est-ce pour cela que
son parcours a été semé d'embûches (plus de 15 ans pour sa concrétisation!) alors
même que le précédent (édulcoré) n'avait pris que quelques années...le monde hédoniste
de la planète tridan, avec ces ses indigènes dans le plus simple apparat rendait
malheureuse tout tentative d'éradication de la sexualité...rien de provocateur,
ni de gratuit...Sylvain et airelle nus enlacés sous le clair des lunes de la planète
tridan , après l'ellipse de leur acte. Néanmoins, tout est dans les symboles:
opposition avec les hommes-machines asexués, oeufs-prisons des conquérants, Metamorphe
dévoreur d'âmes de forme eminament phallique (cette fois, oui, il s'agit d'un
clin d'œil évident!) Quand on connaît la volupté des dessins de Caza, et celle
de Topor (matinée de provocation)...néanmoins, il représentent de rares exemples
d'une intégration naturelle de la sexualité à un univers (onirique) de dessins
animés.
Ailleurs dans l'animation, on se situe toujours en excès, provocateur (dans le
cas des dessins animés occidentaux), " frénétique " (dans les cas des japonais),
ou au contraire dans le symbolisme plus ou moins explicite et névrotique. Pour
les premiers, citons la vague de dessins animés qui, a la suite de bevis and butt-head
et des simpsons, se sont spécialisés dans la satire sociale pour un public d'adolescents
et de jeunes adultes, comme South park. Les allusions sont de l'ordre de la provocation
repetée, d'autant plus facile que cela était très inhabituel dans le cadre du
dessin animé...on est ici très loin de tout réalisme, encore d'avantage que dans
l'onirisme lalousien. Les films japonais se distinguent par une histoire et un
statut radicalement différents du dessin animé, qui est perçu de manière aussi
neutre que le film...toutes les gammes d'expression s'y expriment donc naturellement,
et en particulier la pornographie, qui prend ici des aspects ludiques et fantasmatiques,
avec les poncifs propres a la société japonaise.
En ce qui concerne les seconds, essentiellement limités aux années 40 et cinquante,
mais récupérés actuellement, ils jouent a la fois du symbolisme et de l'hyperbole
suggestive d'une manière virtuose. Les films de tex-avery en sont la représentation
la plus aboutie, a l'époque ou surgissent les pin-up et autres images hédonistes
propres a regonfler le moral des troupes américaines sur le front. Le loup, dont
les yeux jaillissent de la tête (comme prélude a toute une série d'hyperboles
symboliques de l'excitation sexuelle), devant l'affriolante bergère restent dans
toute les mémoires ( il est a noter que le symbolisme varie grandement d'une culture
a l'autre, les japonais eux " saignants du nef " dans les séries d'animation quant
ils sont confrontés à une grande excitation) Au terme de ce bref panorama, le
dessin anime " adulte " n'intègre jamais très naturellement la sexualité et encore
moins l'érotisme; a l'exception notable des films de René Laloux...